Ta guerre je n'en veux pas

T’as guerre je n’en veux pas
2007-2023, infographie, 80x104cm

Le fond de plan original est une carte de l’Arctique. L’auteur aime à penser les pôles comme des pages blanches exsangues des traits que dessinent nos civilisations mycelium-esques. Une page blanche bien vite occupée comme se remplie la cour d’école à l’heure de la récréation.

Débutée en 2007, le fond de plan numérique initial n’a cessé d’être complété et modifié au grès des humeurs de l’artiste comme une forme de journal intime aux préoccupations géopolitiques. Ce document n’a pas vocation à être achevé, il vivra de son écriture aussi longtemps que les énumérations de Roman Opalka1 se sont interrompues à sa mort. Entre-temps la carte évoluera comme évoluent nos territoires, en comblant les espaces « vides », en effaçant les projets tombés en désuétude et en superposant de nouveaux espoirs.

Si au début, la carte s’est vue défrichée grâce à la présence de la géographie physique, la carte routière, la carte politique et du schéma d’organisation, elle s’est complétée par la suite par le plan touristique, la carte de bataille, la citation des cartes de Cassini, de plan de métro, de parcellaires et récemment avec l’inquiétude de symboles météorologiques et d’une des dernières marottes de l’artiste, le marteloire2 des portulans anciens.

Tous ces thèmes apportent avec eux une profusion de signes, de lignes et de traitement de « plan » qui au sein d’un même document, cohabitent, se juxtaposent ou luttent pour se rendre visible, amenant fatalement tous les ressorts du vivre ensemble et de la politique. C’est là où la cartographie tente d’être un reflet, un portrait de ceux-là mêmes qui ont inventé ce langage, nous.

  1. Roman Opałka, est un peintre franco-polonais, il se consacre à l’œuvre de sa vie dont le but est d’inscrire la trace d’un temps irréversible.
  2. Réseau de lignes de vent (les rhumbs) sur un portulan (ancienne carte nautique), servant à déterminer la direction où le navigateur veut aller.